Comité de défense du VERITABLE CAMEMBERT

 

Déjà en 1909

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7 Décembre 2009 : Les industriels unis ... contre nous

 

Victoire !

En proposant d’ouvrir un dialogue constructif avec les industriels sur la structuration d’une offre produit répondant aux attentes des consommateurs, nous nous préparions à participer à la réunion du 30 novembre des fabricants des fromages normands. Malheureusement cette invitation a été dénoncée en dernière minute.

Nous avons tenu à fournir à notre interlocuteur, Patrick Mercier, Président des cette assemblée et de l’AOC Camembert de Normandie, un texte dont vous trouverez ci-dessous la teneur.

Cher Monsieur,

En tant qu’animateur du Comité de Défense du Véritable Camembert, je me faisais un plaisir de participer à votre réunion du 30 pour engager un dialogue avec les industriels présents concernant l’amélioration de la perception de l’offre produit telle qu’elle ressort des quelques 50.000 visites enregistrées sur notre site internet et des 5000 contacts sous forme de pétitions et de mails émanant de consommateurs de plus de 100 pays.

Parler de confusion est un euphémisme.

La problématique ne date pas d’aujourd’hui car le fait d’avoir industrialisé la production a engendré le problème d’identification du véritable camembert de Normandie soulevé dès 1909.

Les techniques modernes de commercialisation et l’apparition des grandes surfaces sont à l’origine d’une expansion rapide de la demande et d’une banalisation de l’offre à partir de politiques de marques dont les contenus orientés vers le mass market ont été largement inspirées par le marketing des produits lessiviels et le succès de Coca Cola. Compte tenu d’un encadrement sanitaire de plus en plus prégnant, elles se traduisent par une standardisation des goûts et le développement de marques parapluie pour lesquelles la marque prime le produit.

Nous sommes aux antipodes du consommateur d’origine qui choisissait son fromage en fonction du terroir de pâturage des troupeaux … qui, naturellement ne pouvaient être que de vaches normandes nourries avec une alimentation herbagère.

Ce type de consommateur existe chez chacun d’entre nous quand il est à la recherche d’achat de plaisir … Si nous recherchons des produits, avec des goûts standardisés au prix le plus bas possible pour des achats de besoin … et là, la marque est un précieux repère, nous souhaitons pouvoir découvrir des produits aux goûts diversifiés pour choisir, si besoin est avec le conseil d’un professionnel, un produit pour lequel l’achat lui-même doit être un plaisir. Il est évident qu’à ce stade, la notion de prix est secondaire, acceptable s’il n’est pas exagéré.

Cette démarche a été validée sur de nombreux marchés, initiée pour les produits de luxe, puis développée y compris en alimentaire, notamment sur le marché des vins et ceux de certains fromages. Le renouveau du Salers, la spécificité du Roquefort sont des exemples encourageants qui permettent de réfléchir à la définition d’une stratégie définissant la structuration de la gamme de produits en fonction des besoins des consommateurs, base de politiques de communication, de commercialisation et de production différenciées.

A priori, il nous semble intéressant de prévoir le lancement de produits fermiers, produits de référence porteurs d’image, et garantie de la diversité des goûts respectant naturellement les normes traditionnelles de production pour lesquels les prix de vente doivent être suffisamment élevés pour souligner leurs différences et permettre la couverture financière des risques sanitaires. N’étant pas des produits de mass market, ils doivent être commercialisés dans les circuits porteurs d’image (les fromagers, la restauration, certaines collectivités, l’exportation). A l’exemple des produits d’Auvergne, les produits Normands devraient envisagés une plateforme commune de distribution, voire, éventuellement, de commercialisation.

Tout ceci n’est économiquement possible qu’au-delà d’un seuil minimum qui, pour être viable, doit permettre d’atteindre rapidement 2 à 3 % du marché global … représentant la production d’une dizaine de « structures fermières » produisant 1000 à 1500 fromages jour. Cette initiative ne saurait être que particulière, elle pourrait être l’enjeu de la profession … et aussi son image !

Votre proposition de rencontre nous permettait d’ouvrir un dialogue constructif avec les industriels, loin du sectarisme d’organisations internationales qui ne voient la défense du goût qu’à travers les produits fermiers.

Le refus du dialogue ne peut être imputé qu’aux industriels qui il y a deux ans et demi, maintenant, s’entredéchiraient pour modifier les signes de la qualité, les règles de l’AOC.

Il semble que nous ayons réussi à faire leur unité contre notre point de vue, quelle victoire !

A vous, de nous dire si nous devons continuer à défendre nos positions, de les modifier si besoin est, ou de les soutenir plus activement si vous le souhaitez.

Des Marques et des Signes de la qualité.

Si à l’origine, la notion de Marque était le signe de reconnaissance de la qualité des produits d’un artisan qui correspondait la plupart du temps à son nom, les techniques du marketing en ont fait un outil de communication au service des industriels.

Dès les premiers temps, en 1903, on parlait déjà de respect du consommateur avec Henri Ford qui imposait le noir comme couleur de sa voiture T.

Les stratèges du Groupe Nestlé ont commencé à mesurer la limite de la notion de marque dans les produits alimentaires à la suite du premier choc pétrolier et de l’émergence des premières marques de distributeurs. Cette démarche a vu un souci de diversification du groupe, Nestlé Alimentana, vers la cosmétique – Prise de participation dans le Groupe L’Oréal, - dans les années 1970, avant de définir récemment, avec la mondialisation, une politique de désengagement industriel particulièrement sensible dans les produits laitiers.

La politique des Signes de la qualité mise en place, à l’origine pour les vins, n’a jamais réussi à faire l’unanimité chez les producteurs.

Pour les produits laitiers, certains groupes, notamment Bongrain, Bel et Danone ont préféré développer des marques indépendantes de cahiers des charges plus ou moins liés à des contraintes et des techniques traditionnelles contraires à leur souci de productivité.

D’autres ont pensé pouvoir faire changer les règles. Si dans un premier temps, sous l’égide des AOC, ils se sont heurtés à des organismes nationaux, aujourd’hui, avec les AOP, ils doivent faire face à des instances soucieuses du respect du consommateur à l’échelon européen, qui n’autorisent par exemple le « fabriqué en Normandie » que pour des produits dont les constituants sont d’origine normande … il devrait en être de même pour les produits « élaboré en Pays d’Auge ». Il en va de la crédibilité des produits d’origine dans le cadre de la Mondialisation.

L’utilisation de la Télévision pour influencer les consommateurs a des limites dénoncées ici ou là, d’une manière plus ou moins ordonnée. Déjà les produits « vu à la Télé » ont quasiment disparu. Les « Saveurs de l’Année », « Elu produit de l’Année » ont été démasqués et ne trompent plus que les moins avertis, sans doute encore en trop grand nombre.

Le matraquage publicitaire des marques parapluie est une autre illustration de cette volonté.

Combien de produits « Président » sont présentés par jour … et tout cela, parce qu’à l’origine, il y a eu un Camembert Président qui n’a rien d’un produit AOC.

A quand le Roquefort « Président » ?

Prétendre dicter les goûts des consommateurs correspond à la mentalité d’industriels qui a abouti à l’asservissement général à la productivité, entre autres des productions laitières, à la sélection des races, à la stabulation, à l’alimentation industrielle et à la traite automatique. Toutes orientations qui sont à l’origine de la désertification rurale, de la baisse de la qualité des produits, de l’endettement des différents acteurs, d’un asservissement financier.

Notre combat est simple : faire respecter la diversité des goûts des consommateurs.

Il s’oppose à toutes formes d’obscurantisme. Nous n’acceptons aucun sectarisme et souhaitons simplement conserver une liberté de choix pour satisfaire la diversité de nos goûts en fonction de nos moyens. Nous espérons ainsi voir renaître la qualité de nos produits, voire la revitalisation du milieu rural.

Merci de votre soutien et de vos réactions. Le dialogue reste ouvert.

Francis ROUCHAUD